Hier soir, je suis allée au débat public organisé à l’espace Marcel Proust, à Beaubreuil, à l’initiative du collectif citoyen qui s’est constitué cet été lors de la mobilisation contre la fermeture de la piscine. Étaient invités le Maire de Limoges, les groupes d’opposition LTG et PS, le Préfet, le Président de l’Agglo et le Président du Conseil départemental. Bel et riche exercice de citoyenneté, enregistré par la radio associative du quartier Beaub’FM !
Ce type d’initiative intéresse. Et pourtant… Le Plan stratégique de Limoges (soumis à la délibération du prochain Conseil municipal dans le cadre du Contrat de Ville) note, concernant la rénovation urbaine sur le quartier que « la mobilisation des habitants de Beaubreuil autour de la transformation de leur quartier a été globalement difficile ».
Certes tous les habitant.e.s du quartier ne se sont pas précipités hier soir au débat; nombreux sont ceux qui pensent encore, pas toujours à tort reconnaissons-le, « Ca ne sert à rien, on ne nous écoute pas« . Là est d’ailleurs peut-être la clé du désintérêt supposé des citoyens pour les affaires qui les concernent. Le même Plan stratégique de la ville relève en effet que « le PRU n’a pas encore produit les effets attendus« . Et si c’était précisément pour cela que les citoyen.ne.s finissent pas bouder les réunions institutionnelles: ils ne voient pas (ou peu) de résultats sur leur quotidien !
Or la salle était bien garnie, hier soir à Beaubreuil pour parler de l’avenir du quartier à l’initiative d’habitantes du quartier. Point de tribune. Point de chefs, sous-chefs ou autres: seulement des citoyen.ne.s, dont certains exercent des fonctions d’élu.es, municipaux et/ou départementaux, notamment Mme Mauguien-Sicard, maire-adjointe à la politique de la Ville qui représentait le maire, et Mr Amrouche, conseiller municipal délégué. Un universitaire aussi, Mr Choukri Ben Ayed, Professeur de sociologie à l’Université de Limoge, qui a remis utilement en perspective le débat..
La préfecture, invitée, n’a pas daigné répondre. Comprenne qui pourra ! Dans le même temps, elle pousse à la création de Conseils citoyens « pour faire une place centrale aux habitants et usagers ou acteurs non institutionnels des quartiers » (Contrat de Ville p. 5). Sans doute, déplorera-t-elle sous peu la faible mobilisation des habitants des quartiers ! Quant à l’Agglo, curieusement absente, elle n’aurait semble-t-il pas reçu l’invitation…
Elles forcent l’admiration, Céline, Catherine et les autres, qui ont décidé cet été de réagir contre la fermeture de la piscine puis de continuer, constatant peu à peu combien cette affaire de piscine condensait les problèmes du quartier: activités pour les jeunes, questions scolaires et éducatives, transports, services publics, commerces, démocratie… A partir de la piscine, tout suit comme une pelote qu’on déroulerait !
Et du mérite elles en ont eu. Quand leur est venue l’idée de ce débat, une question s’est immédiatement posée: où ? Dans une salle municipale, bien sûr. Mais de salle libre et gratuite, sur le quartier, il n’y eut point. Dorénavant à Limoges il faut payer, souvent et beaucoup pour pouvoir réserver une salle. Combien ? 100 € la soirée pour un citoyen lambda. Trop cher, évidemment. Il aurait fallu passer par une association déclarée en préfecture, fournir les statuts,… pour bénéficier du tarif de 14€. Impossible. Elles ont sollicité mon aide; j’ai réservé la salle au nom de mon groupe d’élus. Histoire révélatrice: la majorité municipale claironne pourtant qu’une nouvelle ère est arrivée, qu’elle va encourager la participation des citoyens…
Le débat fut nourri, souvent vif, avec une participation marquée de femmes, évoquant :
- les activités périscolaires, désormais payantes et réduites à peau de chagrin sur le quartier du fait de leur décalage cette année d’une heure le soir;
- la cantine devenue hors de prix dans bien des cas: le nouveau système de forfait pénalisant considérablement bien des familles: monoparentales -et elle sont nombreuses sur le quartier-, ou aux horaires professionnels décalés,…
- la fermeture du centre social B58, les menaces sur le bureau de poste, les fermetures de commerces de proximité,…
- des activités devenues quasi inexistantes pour les 15-25 ans
- un réseau de transports publics collectifs notablement insuffisant, notamment pour toutes celles et ceux -et ils sont nombreux- qui n’ont pas de voiture
- les moyens réduits pour le tissu associatif
- la réduction d’activités des équipements publics avec l’exemple emblématique de la piscine,…
Où il est apparu progressivement que la majorité municipale s’en remet aux associations du quartier en matière de politiques et d’actions sociales… alors même qu’elle a confié la présidence de la commission des associations aux élus FN !
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