Avec cette délibération, vous nous ramenez dans la Rome antique de Caius Cilnius Mæcenas, ou au mécénat des princesses médiévales. Quelle modernité !
Vous qui n’hésitiez pas il y a un an à stigmatiser la mendicité et les pauvres, vous voici amené à présent à faire la manche en quémandant la bienveillante générosité des plus fortunés. « A votre bon cœur, les riches ! » On en appelle à votre obole pour financer les travaux de rénovation de notre Hôtel de ville.
Et c’est une belle aubaine, puisque les sommes seront déduites de vos impôts ! Au vu des dispositions fiscales, on peut en effet mesurer combien le mécénat n’est pas qu’affaire de contribution désintéressée ! La loi Aillagon de 2003 accorde 60 % de déductibilité fiscale aux dons effectués pour le mécénat d’entreprise. Et la loi Tepa de N. Sarkozy a augmenté la déductibilité de l’I.S.F. des dons.
Logique absurde: face aux baisses des dotations imposées par l’État, vous vous en remettez au développement du mécénat. Mais l’argent qui sera accordé par les mécènes, amoureux de Limoges, riches particuliers et grosses entreprises, fera l’objet d’une défiscalisation qui contribuera en retour à appauvrir l’Etat. Il faudra donc recourir encore plus au mécénat, car l’Etat appauvri justifiera de nouvelles baisses de dotations.
Non, le mécénat n’est pas la solution. C’est par l’impôt, et notamment l’impôt progressif sur les revenus, l’impôt sur le patrimoine et la rente, l’impôt qui devrait taxer plus le capital que le travail, que nous devons financer nos actions publiques qui relèvent de l’intérêt général, social et écologique ! L’impôt, c’est une des bases de la République… et en principe aussi des républicains !
En conclusion, je vous fais cadeau mes cher-e-s collègues de cette citation de Robespierre: “En matière de contributions publiques, est-il un principe plus évidemment puisé dans la nature des choses et dans l’éternelle justice, que celui qui impose aux citoyens l’obligation de contribuer aux dépenses publiques, progressivement, selon l’étendue de leur fortune, c’est-à-dire, selon les avantages qu’ils retirent de la société »
Vous comprendrez donc pourquoi nous ne voterons pas cette délibération sur laquelle nous nous abstiendrons.
Intervention au Conseil Municipal du 25 juin 2015
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