Je reviendrai sous peu sur cette séance invraisemblable du Conseil, sur notre conférence de presse dénonçant les dérapages sexistes récurrents du Maire à l’égard des élues d’opposition et les réactions très révélatrices de Mr Lombertie à ce sujet. Je garde un goût très amer de la séance de mardi, bien sûr pour le scandale qui s’y est produit et le fait qu’il était évidemment impossible, en conscience, de continuer de siéger dans ces conditions… Mais du coup, une délibération très importante a été votée sans la moindre discussion démocratique, sans la moindre remarque ni opposition, alors que nous y sommes farouchement opposés: la fin de la gratuité des prêts à la BFM pour les non limougeauds.
Voici donc le texte de l’intervention que j’aurais du faire pour expliquer notre vote contre cette délibération.
Nous sommes résolument opposés à la fin de la gratuité des prêts de la BFM pour les usagers domiciliés hors de Limoges.
Les motifs financiers que vous invoquez ne tiennent pas. Les recettes générées par les inscriptions des non limougeauds couvriront une part très faible du fonctionnement de la structure, et vous le savez fort bien. Un usager payant coûte plus cher qu’un usager gratuit. Combien la facturation aux non limougeauds va-t-elle générer de dépenses de gestion supplémentaires ? Vous vous gardez bien de répondre à cette question. Avec la gratuité, les agents de la BFM peuvent se consacrer à leur métier de diffuseurs, d’éducateurs et non à des activités de facturation et de gestion mangeuses de temps et d’argent. La gratuité donne du temps à l’essentiel !
Par contre on sait fort bien que la facturation conduira à une baisse des inscriptions. Pas besoin d’être devin pour connaître la suite. Cette baisse d’activité génèrera mécaniquement une hausse du coût par usager. Vous nous direz alors qu’il faut trouver de nouvelles recettes et donc en finir avec la gratuité aussi pour les limougeauds. D’ailleurs vous avez bien pris soin de modifier le règlement intérieur en conséquence: vous avez fait disparaître de la nouvelle rédaction toute référence à la gratuité, alors que vous auriez très bien pu garder l’ancienne formulation en précisant que la gratuité s’appliquait aux limougeauds !
L’argument financier n’est donc qu’un prétexte: votre opposition à la gratuité est fondamentalement idéologique. La gratuité est un enjeu de société: c’est le partage, la mise en commun, le meilleur moyen de lutter contre la discrimination sociale et culturelle. C’est de cela que vous ne voulez pas ! Vous nous dites qu’il serait juste de faire payer le prêt aux non limougeauds puisqu’ils ne payent pas d’impôts à la ville ! Mais allez-vous aussi bientôt leur facturer l’entrée dans nos jardins publics ? Vous assénez comme vérité d’évidence que payer ce serait respecter, et que la gratuité serait « déresponsabilisante » pour les usagers. Mais le respect d’un service n’a pas grand-chose à voir avec l’existence d’une transaction monétaire. C’est même tout le contraire que l’on constate. Notre BFM est gratuite; c’est un lieu de passage, de rencontres, d’échanges, de création. Et nulle dégradation, nulle incivilité ne sont à regretter pour autant.
A l’heure où nombre de services en ligne sont gratuits pour leurs utilisateurs, la gratuité des services des bibliothèques est essentielle pour faciliter l’usage régulier ou occasionnel de tous les types d’usagers. La gratuité est un pont entre les gens, entre les cultures. Nombre de services sont bel et bien gratuits dans notre pays, grâce aux luttes menées au fil des décennies. Ecole, santé, services administratifs… Mais ils sont peu à peu grignotés par les logiques marchandes. Alors qu’au contraire, les sphères de gratuité devraient s’étendre.
Bien sûr, tout ne peut pas être gratuit. Raison de plus pour savoir différencier ce qui doit l’être de ce qui doit être tarifé. L’eau vitale devrait être gratuite, évidemment pas l’eau pour remplir sa piscine privée ! Ce qui est nécessaire et vital pour tous doit être gratuit. De même que l’école doit être gratuite pour tous, comme devrait l’être réellement l’accès à la santé ou aux transports en commun urbains, les prêts de notre bibliothèque publique doivent rester gratuits…
Intervention prévue pour la séance du Conseil municipal du 29 septembre 2015
(1 commentaire)
J’habite une petite commune de 400 habitants à 20 minutes de Limoges, je n’ai pas de bibliothèque dans ma commune et celle à 10 minutes de chez moi dans ma communauté de communes est toute mini. Les personnes qui habitent dans ma commune travaillent en majorité à Limoges et contribuent à son développement économique, les limougeauds sont content de venir le week-end dans ma commune profiter gratuitement des forêts, des champignons, de la vienne et du bon air! Doit-on faire payer les limougeauds pour tout ça? La culture est une chose importante, mais c’est vrai qu’il plus facile de créer des fossés entre les classes sociales, histoire de rendre plus cons les pauvres et plus incultes les « bouseux » de la campagne dont je fais partie…