Je veux tout d’abord dénoncer le peu d’informations qui nous a été fourni: un maigre document de 50 pages contre 130 par le passé ! Vous n’avez même pas daigné fournir les ratios obligatoires. Pas non plus de comparaison avec le BP 2015 pour les grands domaines de l’action municipale, malgré nos demandes.
Sans parler des modifications multiples de périmètres qui rendent difficiles les comparaisons… Tout a vraiment été fait pour empêcher la transparence: il faut dire que vos choix sont tellement calamiteux pour la Ville que ceci explique peut-être cela !
Une politique publique d’intérêt général c’est un projet à la fois bon pour le présent et pour le futur. Ce qui suppose d’équilibrer la capacité d’intervention actuelle (le fonctionnement) et la capacité d’investissement et d’en accepter la transparence. Mais là on est bien loin du compte.
En ce qui concerne l’investissement vous vous targuez de maintenir un programme de 30 millions d’€, dont 10 millions pour la « qualité et la sécurité du cadre urbain ». C’est ronflant… En fait il s’ agit pour l’essentiel de politique sécuritaire, de stationnement et pour 1,4 million du début du programme de la Place de la République… le reste soit près de 5 millions, et bien on ne sait pas ! Sur les 30 millions, il y a le ¼ de l’enveloppe dont on n’a pas daigné nous informer de l’utilisation prévue.
Ce qui n’empêche pas qu’au nom de cet effort d’investissement à autofinancer, on taille allègrement dans les dépenses de fonctionnement. Ce budget signe clairement l’engagement d’un grand chantier de destruction de pans entiers de l’action des services municipaux.
Les recettes de fonctionnement prévisionnelles baissent de 1 million d’euros… Assurément, ce n’est pas rien ! Mais est-ce que cela justifie de baisser les dépenses de plus de 3,5 millions ? Oh certes, tout ne baissera pas: vous avez trouvé une nouvelle danseuse. La LGV est moribonde ? Qu’à cela ne tienne il y a l’aéroport de Bellegarde dont il faut combler le déficit d’exploitation vertigineux: 1,7 million de subvention soit une hausse de 25 %.
Les contreparties sont sévères ailleurs: baisse de plus de 18% des crédits pour les Centre Culturels Municipaux, de 25% pour les piscines et gymnases municipaux ou pour les archives municipales, baisse de 22% pour la BFM, de 25% pour les actions en direction de la jeunesse… Et le pompon, c’est pour les espaces verts: – 450 000 € ! On divise par deux le budget d’entretien des terrains et fontaines ou de traitement des déchets.
Et pourquoi cela ? Parce que Limoges dépenserait 2 fois plus par habitant pour ses espaces verts que les villes de la même taille, nous a-t-il été répondu…
On ose à peine faire remarquer qu’en la matière il faudrait peut-être aussi s’intéresser aux surfaces concernées ? Dans quelles villes françaises trouve-t-on le plus de surfaces vertes ? Si l’on en croit l’Union Nationale des Entreprises du Paysage, c’est à Angers, Limoges et Brest où les infrastructures vertes sont remarquables ! Limoges compterait selon ces professionnels 700 ha de verdure. Il faut « faire du végétal la trame même de l’aménagement urbain, dès la phase de conception » affirme Catherine Muller présidente de l’UNEP qui ajoute que « les études montrent que ce sont également des investissements utiles pour améliorer la santé de nos concitoyens ». On aimerait bien savoir par quel miracle on pourra entretenir ce patrimoine vert en divisant son budget par deux alors même que d’ores et déjà les agents de ce service n’ont pas toujours le matériel approprié pour faucher ou débroussailler les talus et les pentes dangereuses. Sans parler du recyclage des déchets qui, à l’heure de la COP 21, va lui aussi manifestement sévèrement être touché… L’entretien des zones humides, des coulées vertes et du lac d’Uzurat, des animaux du parc pédagogique de l’Aurence, du jardin botanique de l’évêché qui va à vau-l’eau depuis qu’on y a cassé l’équipe opérationnelle et dispatché les botanistes, tout cela sans doute coûte trop cher à vos yeux. Comme disait un certain N. Sarkozy: « L’environnement, ça commence à bien faire »…
N’auriez-vous pas en fait en tête de réduire drastiquement les surfaces vertes de la ville et son fleurissement, de la « dévégétaliser » ? Déjà, on apprend que certains de nos concitoyens sont informés que pour cause de restrictions budgétaires des haies vont être arrachées près de chez eux.
C’est peut-être ça l’attractivité pour vous, au 21ème siècle : d’abord des avions et des parkings !!!
Il va de soi que nous voterons résolument contre un tel budget de régression.
Intervention au Conseil Municipal du 24 mars 2016
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