Une CU, pour faire quoi ? Ce devrait être LA question.
Pourquoi tel n’est pas le cas ? C’est simple: parce que vous êtes tous d’accord, majorité municipale et d’agglo, vous partagez globalement le même projet: la course à la taille avec la fuite en avant dans la métropolisation. D’ailleurs Mr le Maire vous l’avez dit: le passage en CU se doit pour vous d’être une étape permettant ensuite d’accéder au statut administratif de Métropole… actant alors la fin du département. Tout est dit !
Ainsi êtes-vous tous d’accord pour combler le gouffre grandissant de l’aéroport de Bellegarde. Le financement en est quasi intégralement à la charge des contribuable*: quand un voyageur y prend l’avion, c’est tout pour la compagnie et pas un radis pour l’aéroport ! Il est bien loin le temps – c’était en 2007- où la Cour des comptes notait que « la situation financière de l’aéroport est confortable ». Depuis, le nombre de passagers a chuté de plus de 20%** et les subventions publiques, elles, ont plus que doublé passant de 3 M€ (soit 10,33€ / passager) à 6,2 M€ (soit plus de 20 €/passager). Et on est averti: ça grimpera encore ! « A structure budgétaire constante, l’équilibre de la section de fonctionnement pourrait se durcir à l’avenir » notait sobrement le rapport de la CLECT en septembre dernier. Que proposez-vous ? Développer les lignes intérieures, Limoges-Paris et Limoges-Lyon, deux trajets d’environ 400 kilomètres, alors que les trajets courts sont les plus polluants, le décollage et l’atterrissage étant particulièrement énergivores. Mieux, vous n’excluez pas, Mr le Maire, « les sauts de puce »: des trajets Agen-Limoges-Paris ou encore Limoges-Brive-Lyon ! Autant dire que l’avion décolle pour atterrir : une aberration écologique…. Ce qui ne vous empêche pas en même temps (il est vrai qu’à présent vous êtes En Marche) de vous revendiquer de l’écologie ! Nous le disons tout net: non, la transition écologique ne passera pas par le transport aérien, de courte distance qui plus est. Nous ne proposons évidemment pas d’en finir sur l’heure avec Bellegarde, mais il faut planifier la transition écologique. Et pour préparer l’avenir, la seule perspective raisonnable c’est le train. Plutôt que rêver à une autoroute, payante qui plus est, il faut défendre bec et ongles nos lignes TER; de même il faut se battre plus pour la ligne POLT et aussi pour créer les conditions d’une remise en circulation de la transversale Bordeaux-Lyon véritable plus-value d’aménagement du territoire avec la connexion vers l’est et formidable opportunité pour le frêt, alors que l’arc Atlantique et le canal rhodanien sont saturés.
Telle n’est à l’évidence pas votre perspective. Vous vous êtes d’ailleurs bien gardé de chercher à en savoir plus sur ce qu’il adviendra des 3,4 M€ de dotations supplémentaires reçues de l’État. 1 M€ ira à la voirie, soit… il en reste donc 2,4. Gageons qu’il n’en subsistera pas lourd pour l’Université et la recherche après avoir payé pour l’aéroport.
Mais puisque j’en suis aux transports, je voudrais insister tout particulièrement sur l’enjeu des transports urbains pour un territoire comme le nôtre. A l’heure où la Ville de Paris vient de lancer une étude pour la gratuité, où Bonn et Essen en Allemagne vont la tester, malheureusement aucune perspective de ce genre chez nous… Je rappelle ici notre proposition de passer à la gratuité des transports urbains sur l’agglo. L’agglo de Dunkerque a expérimenté pendant deux ans la gratuité les week-end. Conclusion: les comportements en ont été modifiés en profondeur. « Maintenant, on vient à Dunkerque en bus et on repart en bus, on ne prend plus la voiture le week-end» témoignent des habitants de l’agglo dunkerquoise. « Du fait de la gratuité, les classes moyennes commencent à réintégrer les bus » constate un chauffeur. Pour le maire de la ville, cette mesure a eu une influence très positive non seulement sur Dunkerque mais aussi sur les communes alentours. « En Anglais, free veut dire gratuit mais aussi libre. Avec la gratuité du bus, c’est la ville qui devient libre. » Le bilan est si satisfaisant que la gratuité va être étendue à tous les jours de la semaine dès septembre prochain. Pourquoi ce qui est valable à Dunkerque ne le serait-il pas à Limoges ? Il y a quelque temps de cela, vous trouviez, Mr le Maire, quelques vertus à nos propositions pour les transports urbains; mais vous regrettiez alors le climat de travail dans l’agglo empêchant d’avancer sur ce terrain là aussi. Les relations étant désormais apaisées, rien ne semble donc plus s’y opposer…
Je voudrais aborder aussi la question de l’eau. Avec le passage en CU, le transfert de notre régie publique vers l’agglo va être anticipé. Un rapide état des lieux montre que sur les 20 communes de la future CU, plus de la moitié – représentant près de 60% de la population hors ville de Limoges -, sont en DSP à des groupes privés, notamment à la SAUR. Et dans ces communes, comme Panazol ou Saint Just le Martel, les tarifs de l’eau sont beaucoup plus élevés qu’à Limoges ou dans les communes relevant du Sytepol: autour de 20% de plus au m3. Dans le protocole d’accord*** qui nous est soumis, il est précisé qu’un des élus proposés par la Ville de Limoges se verra conférer une délégation de fonction sur cette compétence. Nous espérons qu’il faut voir ici une garantie apportée sur la pérennité de notre Régie publique. Mais n’y aurait-il pas une opportunité à explorer en permettant à terme à l’ensemble de la population de la CU de bénéficier des avantages indéniables de la Régie publique ? N’est-ce pas une éventualité qui devrait être examinée ?
Enfin, j’aimerai aborder la question des équipements d’intérêt communautaire. A ce jour ils sont 3: le Zénith, l’Aquapolis et le Vélodrome. Vous n’avez pas fait mystère Mr le Maire de votre souhait de faire reconnaître d’intérêt communautaire des équipements municipaux actuels tels le Stade de Beaublanc. Où en êtes-vous de ces perspectives ? Qu’en sera-t-il à terme par exemple de l’avenir de la BFM ou des musées municipaux avec le passage à la CU ?
Intervention lors de la séance du Conseil municipal du 27 juin 2018
* Selon le rapport de la CLECT (22/09/2017), les recettes de fonctionnement du SMALB s’élevaient en 2016 à 6 279 977 € dont 6 244 094 € de participations directes des collectivités territoriales soit … 99,4%.
*** Consulter ce protocole d’accord:
(1 commentaire)
Département, CU, Agglo, et le reste, y en-a-t-il assez pour caser tout le monde maintenant ? est-c e qu’il va falloir une arène pour faire un classement et savoir ainsi qui dominera l’autre ? Pourquoi faire, pas la peine d’aller si loin l’objectif n’est pas là ……