Le nom de GM&S évoquait la première lutte sociale d’ampleur du quinquennat Macron, il est maintenant le nom d’une démarche inédite, celle de salariés en lutte qui décident d’écrire une loi pour l’intérêt général.
Car ce qu’ont vécu les GM&S est précisément ce à quoi ce texte s’attaque : le rôle prépondérant des donneurs d’ordres sur les sous traitants. Dans leur cas il s’agit de Renault et PSA. Depuis dix ans, au fil des reprises et des plans sociaux, les deux firmes (dont il faut rappeler que l’Etat est actionnaire..) n’ont cessé de pressurer leur sous traitant et ont tenté d’organiser ni plus ni moins que la fermeture du site en ne remplissant pas leurs engagements de commandes, en installant à la tête de l’entreprise des repreneurs plus ou moins fiables, et parfois même carrément véreux. Sur la dernière période, ils ont opposé une fin de non recevoir aux demandes des salariés qui étaient simplement de pouvoir continuer à travailler.
C’est la lutte de ceux-ci qui a permis que finalement les donneurs d’ordre prennent des engagements de commandes, néanmoins inférieurs à ce qui aurait été nécessaire pour garder tous les salariés du site, mais qui ont permis que le site reste ouvert. Mais ensuite une fois le site vendu au repreneur GMD, ils ne les tiennent pas ! Aujourd’hui le site survit « à petit feu », avec une charge de travail qui occupe à peine 50% des salariés.
Dans le même temps, les deux constructeurs poussent leurs fournisseurs à s’installer dans les pays low cost, quand ils ne font pas eux mêmes la démarche de la délocalisation.
Le cas GM&S est donc une illustration parfaite de ce qui se passe quand on laisse des entreprises multinationales, à la logique plus financière qu’industrielle, jouer des possibilités immenses qu’offre la dérégulation et le laisser-faire économiques à l’échelle intra européenne comme mondiale.
Car cette situation est loin d’être isolée. Elle est le lot de nombre d’entreprises dans d’autres filières que la filière automobile. C’est pourquoi les salariés de GM&S ont décidé d’écrire une proposition de loi pour encadrer l’ensemble de la relation de sous traitance, pour faire reconnaître l’inégalité de cette relation économique qui est tout sauf « partenariale » et pour que les donneurs d’ordre assument leur responsabilité vis à des entreprises sous traitantes et de leurs salariés.
Le Parti de Gauche soutient ce texte. Nourri du travail des salariés eux mêmes, il est l’expression du fait que les salariés, et de manière générale les citoyens peuvent développer une expertise alternative sur les sujet concrets auxquels ils sont confrontés. A partir de cette expertise, les citoyens doivent se mêler du travail d’écriture de la loi. C’est ce que nous faisons dans le travail des ateliers des lois au sein de la France Insoumise.
C’est aussi pour son contenu que nous soutenons ce texte. A ce titre, nous nous réjouissons que le groupe parlementaire de la France Insoumise à l’Assemblée ait été le premier à recevoir la délégation des salariés de GM&S et à soutenir leur texte. Car en effet, il met le doigt sur la nécessité urgente d’empêcher la destruction des emplois, la disparition de compétences et de savoirs faire qui nous seront essentiels pour mener la politique de transition écologique que nous aspirons à voir mettre en œuvre dans notre pays. Les grands donneurs d’ordre n’ont que faire de l’intérêt général qui consiste à les garder. Ils n’ont que faire des dégâts sociaux que leur politique de dumping provoque.
Pour nous qui revendiquons que la finalité d’une politique ne saurait avoir la croissance du PIB et la rentabilité comme seul horizon, il est indispensable de s’attaquer de front au dogme de la concurrence effrénée de tous contre tous. Ce texte de loi, écrit par les premiers concernés, en est un des éléments.
Article de Laurence Pache – Parti de Gauche
Télécharger le projet de loi :
Commentaires récents