« Ce gouvernement aurait dû augmenter la fiscalité sur les plus hauts revenus qui achètent des voitures haut de gamme particulièrement polluantes. »
Tel est l’avis du Professeur d’Université Pierre Merle (Université de Bretagne Occidentale) dans un article du Monde, ajoutant: « Et que dire des jets privés ou yachts, utilisés par les plus fortunés, et dont la possession n’est plus imposée grâce à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) ?… Pour permettre la transition écologique, le gouvernement devrait substituer la connaissance rationnelle à des décisions discutables… Un foyer parmi les 10 % les plus riches a donc une empreinte carbone vingt fois supérieure à celle d’un foyer appartenant aux 50 % les plus pauvres… La politique menée depuis 2017, celle des « efforts » demandés aux classes moyennes, voire populaires, alors que les plus fortunés s’enrichissent considérablement, ne peut déboucher que sur des sentiments d’injustice et de révolte dont s’est nourri le mouvement des « gilets jaunes ». La colère est d’autant plus forte et fondée que l’essentiel des taxes sur les carburants ne finance pas la transition écologique – spécifiquement le développement des transports en commun, largement délaissé –, mais permet notamment de réduire le déficit du budget de l’État accentué par les mesures fiscales prises en faveur des plus fortunés. Avec la politique actuelle, le mode de vie polluant des plus riches est préservé et seules les autres catégories sociales sont amenées à financer une transition écologique illusoire. «
Jean Gadrey, professeur d’Université lui-aussi, nous apprend qu’en France , « les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les pauvres, mais les pauvres paient plus de 4 fois plus de taxe carbone en % de leurs revenus« . Non seulement donc, par leur mode de vie, les extrêmes riches ont la médaille d’or de la destruction de la planète, mais en plus ils cherchent à faire payer l’addition climatique fiscale d’abord aux classes populaires et moyenne ! Selon Oxfam (Inégalités extrêmes et émissions de CO2, 2015) : « Le changement climatique est intrinsèquement lié aux inégalités économiques : c’est une crise induite par les émissions de gaz à effet de serre des nantis qui frappe le plus durement les pauvres« .
Dans ces conditions, augmenter le prix des carburants afin d’agir pour le climat n’est qu’une tartufferie, quand, en même temps aucune alternative à la voiture n’est sérieusement proposée à ceux qui ne peuvent pas s’en passer !
« Droits dans leurs bottes, souvent ignorants de la France d’en bas, les premiers de cordée pensent qu’ils sont légitimes pour fixer un cap et l’imposer à tous. Les monarques aussi avaient cette prétention. Le mouvement des « gilets jaunes » rappelle les jacqueries de l’Ancien Régime et des périodes révolutionnaires. Les leçons de l’histoire peuvent-elles encore être comprises ? » conclut Pierre Merle.
Oui décidément, il faudrait, et vite, revenir à la connaissance rationnelle…
Télécharger le rapport d’Oxfam ici:
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